Le chaînon manquant

 

DEPUIS de nombreuses années les médias font état de découvertes de vestiges fossiles d’humains aux traits simiesques. Des films nous retracent "comme si on y était", les grandes étapes conduisant de l'animal à l'homme moderne. La littérature regorge de planches dessinées représentant ce genre de créatures. S’agit-il des chaînons intermédiaires dans la lignée évolutive allant de l’animal à l’homme? Ces “hommes-singes” sont-ils nos ancêtres? À en juger d’après certains ouvrages scientifiques ou par ce qu’on nous montre dans les musées ou à la télévision, il semblerait qu’il y ait d’abondantes preuves que les humains ont bien évolué à partir de créatures simiesques. Est-ce vraiment le cas?

Caricature de Charles Darwin (dictionnaire encyclopédique Alpha)

 

 

 

 

 

 

En 1981, la revue Science déclarait : “Les témoignages scientifiques de base ne sont qu’une misérable petite collection d’ossements à partir desquels il faut reconstruire l’évolution de l’homme.

Mais les documents fossiles concernant les “hommes-singes” sont-ils aussi rares que cela? Notez ce qu’écrivait Newsweek : “‘Vous pourriez déposer tous les fossiles sur un seul bureau’, déclara Elwyn Simons, de l’Université Duke.” Le New York Times: “Les vestiges fossiles connus des ancêtres de l’homme tiendraient sur une table de billard. C’est une base bien limitée pour pénétrer le brouillard des quelques millions d’années passées.” Et Science Digest: “Ce qui est remarquable, c’est qu’on peut encore ranger tous les faits matériels dont nous disposons sur l’évolution humaine dans un seul et unique cercueil, et il restera de la place! (...) Par exemple, les grands singes actuels semblent avoir surgi de nulle part. Ils n’ont aucun passé, pas d’archives fossiles. Quant à la véritable origine de l’homme moderne, nu, au cerveau volumineux, qui se tient debout et qui fabrique ses outils, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, elle est tout aussi mystérieuse.

Toutefois, les savants n’ont-ils pas trouvé les “chaînons” indispensables qui relieraient les animaux simiesques à l’homme? Les faits répondent non. La revue Science Digest parle de “l’absence d’un chaînon intermédiaire pour expliquer la relative soudaineté de l’apparition de l’homme moderne”. Newsweek fait cette remarque : “Le chaînon manquant entre l’homme et les grands singes (...) est simplement la plus fascinante de toute une hiérarchie de créatures fantômes. Dans les documents fossiles, les chaînons manquants sont la règle.

 

L’“arbre généalogique” de l’homme

L’arbre généalogique hypothétique représentant l’évolution de l’homme est encombré des restes de ce qu’on considérait naguère comme des “chaînons” intermédiaires. Un éditorial du New York Times faisait observer que la science évolutionniste “laisse tant de place aux conjectures que les théories sur la façon dont l’homme est apparu en disent beaucoup plus sur leur auteur que sur le sujet lui-même (...). Celui qui découvre un nouveau crâne donne souvent l’impression de redessiner l’arbre généalogique de l’homme en plaçant sa découverte sur la branche centrale qui aboutit à l’homme, et les crânes découverts par les autres sur des rameaux secondaires qui n’aboutissent nulle part”.

Mais alors, si nous ne possédons pas de preuves concrètes, pourquoi les livres de science et les musées du monde entier regorgent-ils de dessins et de reconstitutions d’“hommes-singes”? Sur quoi sont-ils basés? Un livre qui traite de la biologie des races avance cette réponse: “La chair et le poil dans ce genre de reproductions sont le fruit de l’imagination.” Il ajoute: “La couleur de la peau; la couleur, la forme et l’implantation du système pileux; les traits; le visage; nous ne savons absolument rien de tout cela pour n’importe quel homme préhistorique.

On pouvait également lire dans Science Digest: “L’immense majorité des planches dessinées sont davantage fondées sur l’imagination que sur les faits. (...) Les artistes doivent créer quelque chose qui se situe entre un grand singe et un être humain; plus le spécimen est jugé vieux, plus ils lui donnent une allure simiesque.” Donald Johanson, paléontologiste, admet ceci: “Personne ne peut savoir exactement à quoi ressemblait un hominidé disparu.

D’ailleurs, le New Scientist reconnaissait qu’“il n'y a pas assez de preuves dans les archives fossiles pour faire sortir notre théorie du domaine de l’imagination”. Comme l’a admis un évolutionniste, les reconstitutions d’“hommes-singes” ne sont donc que “pure fiction à maints égards, (...) pure invention”.

Si ces reconstitutions d’“hommes-singes” ne sont pas valables, qu’étaient donc ces créatures du passé dont on a trouvé quelques os fossilisés?

musaraigne : d'après la thèse évolutionniste, l'homme descendrait d'un petit mammifère insectivore et arboricole semblable à une musaraigne (encyclopédie Encarta)

 

 

Au nombre des premiers mammifères qui figureraient dans la lignée évolutive aboutissant à l’homme, il y aurait un animal, ressemblant à un petit rongeur, qui aurait vécu voici 70 millions d’années. Dans leur livre Lucy, Donald Johanson et Maitland Edey écrivent au sujet de ces petits animaux: “C’étaient des quadrupèdes insectivores, dont la taille et la morphologie se rapprochaient de celles de l’écureuil.” Richard Leakey parle de ce mammifère comme d’un “primate, analogue à un rat”. Mais existe-t-il des preuves solides que ces animaux minuscules étaient bien les ancêtres de l’homme? Non, ce n’est que pure spéculation. Il n’existe aucune forme intermédiaire qui les relie à autre chose qu’à ce qu’ils étaient : de petits mammifères ressemblant aux rongeurs.

Sur la liste généralement acceptée des ancêtres de l’homme vient ensuite, après un fossé évalué à près de 40 millions d’années, un spécimen fossile trouvé en Égypte auquel on a donné le nom d’Aegyptopithecus, grand singe d’Égypte. Cette créature aurait vécu il y a quelque 30 millions d’années. Les revues, les journaux et les livres ont publié des dessins de cette créature accompagnés de légendes de ce genre: “Cette créature simiesque était notre ancêtre.” (Time). “Primate simiesque d’Afrique identifié à l’ancêtre commun de l’homme et des grands singes.” (The New York Times). “Aegyptopithecus s’avère un aïeul commun de l’homme et des grands singes actuels.” (Les origines de l’homme).

Mais où sont les chaînons intermédiaires entre cet animal et le rongeur qui le précède, et entre cette créature simiesque et celles qui la suivent dans la lignée évolutive? On n’en a trouvé aucun.

Après un autre fossé énorme, et reconnu, dans les documents fossiles, un nouveau spécimen fossile a été présenté comme le premier grand singe hominidé. On a dit qu’il aurait vécu il y a environ 14 millions d’années et on l’a appelé Ramapithecus, singe de Rama (Rama étant un prince mythique de l’Inde). C’est en Inde, il y a un demi-siècle, qu’on a trouvé des restes fossiles de cet hominidé à partir desquels on a reconstitué une créature simiesque, bipède, à station debout. Voici ce qu’on pouvait lire à son sujet dans Les origines de l’homme: “Dans l’état actuel de nos connaissances, il est probablement le premier représentant de la famille humaine.

De quelles preuves fossiles disposait-on pour tirer pareille conclusion? Le même ouvrage dit: “Les informations relatives au Ramapithecus sont considérables, bien que, en fait, elles demeurent, hélas! fort minces en elles-mêmes. On ne dispose en effet que de fragments de mandibule et de maxillaire supérieur, plus une série de dents.” À votre avis, de telles “informations” sont-elles assez “considérables” pour permettre de reconstituer un “homme-singe” bipède qui serait l’ancêtre des humains? Et pourtant, cette créature très hypothétique a été dessinée sous les traits d’un “homme-singe” dont les reproductions ont envahi la littérature évolutionniste — tout cela à partir de fragments de maxillaire et de quelques dents! N’empêche que, comme le disait le New York Times, pendant plusieurs décennies Ramapithecus “était considéré comme la base inébranlable de l’arbre évolutif de l’homme”.

Ce n’est toutefois plus le cas. Des vestiges fossiles plus complets découverts récemment ont démontré que Ramapithecus ressemblait beaucoup aux grands singes actuels. Aussi lisons-nous aujourd’hui dans le New Scientist: “Ramapithecus n’a pu être le premier membre de la lignée humaine.” Ces nouveaux renseignements ont amené la revue Natural History à soulever cette question: “Comment Ramapithecus (...) reconstitué uniquement à partir de dents et de mâchoires, — sans qu’on ne sache rien de ses os pelviens, crâniens ou de ses membres, — a-t-il pu se glisser dans la procession conduisant à l’homme ?

Il y a un autre fossé énorme entre cette créature et celle qui la suit dans la liste des “hommes-singes”, les prétendus ancêtres de l’homme. Cette dernière a reçu le nom d’Australopithecus, singe du sud. C’est dans le sud de l’Afrique, dans les années 1920, qu’on a en effet trouvé pour la première fois des restes fossiles de cette créature. Elle avait une boîte crânienne de faible volume comparable à celle des singes et des mâchoires proéminentes. On la représentait marchant debout, penchée en avant, très poilue et avec des traits simiesques. On affirmait qu’elle avait fait son apparition il y a environ trois ou quatre millions d’années. Peu à peu, presque tous les évolutionnistes finirent par la considérer comme un ancêtre de l’homme.

Aussi pouvait-on lire: “À une ou deux exceptions près, tous les spécialistes de la question estiment aujourd’hui que les australopithèques (...) sont les vrais ancêtres de l’homme.” Le New York Times écrivait: “C’est Australopithecus (...) qui a finalement évolué pour devenir Homo sapiens, l’homme moderne.” Ruth Moore déclarait: “Tout prouve que l’homme a enfin trouvé ses premiers ancêtres demeurés si longtemps inconnus.” Et elle renchérissait: “Les faits sont irréfutables (...). On a enfin découvert le chaînon manquant.

Cependant, quand les faits présentés à l’appui d’une affirmation quelconque sont trop minces, voire inexistants, ou encore fondés sur une supercherie, tôt ou tard pareille affirmation tombe à plat. Ce fut notamment le cas de nombreuses déclarations antérieures relatives aux prétendus “hommes-singes”.

Il en a été ainsi pour Australopithecus. De nouvelles recherches ont révélé que sa boîte crânienne “différait de celle des humains sous bien d’autres aspects que sa seule capacité”. L’anatomiste Zuckerman écrivit: “Quand on la compare avec celle des humains et des simiens [les singes], la boîte crânienne de l’Australopithèque apparaît très nettement simienne, pas humaine. Affirmer le contraire reviendrait à prétendre que ce qui est noir est blanc.” Il déclara également: “D’après nos recherches, il n’y a guère de doute (...) [qu’]Australopithecus ne ressemble pas à Homo sapiens mais aux singes et aux anthropoïdes actuels.” Quant à Donald Johanson, il dit lui aussi: “Les australopithèques (...) n’étaient pas des hommes.” De son côté, Richard Leakey reconnaît “la difficulté d’admettre que nos prédécesseurs directs soient les descendants évolutionnaires des australopithèques”.

Qu'en est-il de “Lucy”, un type d’australopithèque plus petit. Voici ce que dit Jastrow à son sujet: “Le cerveau n’était pas très grand en taille absolue; il ne faisait que le tiers du cerveau humain.” Le New Scientist déclara en fait que “Lucy” avait un cerveau “très comparable à celui d’un chimpanzé”. Cela fait-il de Lucy un ancêtre de l'homme ?

Lucy est le nom familier donné au squelette d'une jeune Australopithèque âgée de vingt ans et ayant vécu il y a plus de trois millions d'années ; découverte en Éthiopie en 1974, elle fut ainsi nommée d'après la chanson des Beatles Lucy in the sky with Diamonds. Cinquante-deux fragments osseux appartenant au même fossile AL 288 furent en effet recueillis dans la partie inférieure des dépôts sédimentaires du Kada Hadar, dans la dépression de l'Afar, constituant le spécimen le plus complet jamais trouvé d'hominidé aussi ancien. L'expédition qui permit cette découverte faisait partie d'une mission internationale dirigée par M. Taieb, D.C. Johanson et Y. Coppens. Ces chercheurs furent ainsi conduits à définir une nouvelle espèce, Australopithecus afarensis, présente en Afrique de l'Est entre quatre et trois millions d'années, et qui pourrait constituer un ancêtre commun à certains Australopithèques et à l'Homme. L'état de ses dents laisse penser que Lucy était âgée d'environ vingt ans. Ses os longs montrent qu'elle mesurait un peu plus de 1 m. Ses bras étaient plus longs que les nôtres, mais l'anatomie de son bassin révèle qu'elle était adaptée à un mode de locomotion bipède permanent qui demeurait toutefois compatible avec un déplacement de grimpeur arboricole. Ses restes crâniens, très fragmentaires, permettent malgré tout d'observer la projection de la face vers l'avant et d'évaluer une capacité cérébrale d'environ 400 cm3. De récentes études portant sur les ossements fossilisés d'AL 288 tendraient à démontrer qu'il s'agirait d'un spécimen masculin d'Australopithecus afarensis.

 

Un autre fossile a reçu le nom d’Homo erectus, homme debout. La taille et la forme de son cerveau font qu’il est rangé à la limite inférieure de la famille de l’homme moderne. L’Encyclopédie britannique fait remarquer que “les os des membres découverts jusque-là ne se différencient pas de ceux d’H[omo] sapiens”. Toutefois, on ne sait pas vraiment si Homo erectus était un humain ou pas.

L’homme de Néanderthal (ainsi nommé parce que le premier fossile a été trouvé dans le district de Neander, en Allemagne) était indiscutablement humain. Au début, on l’a représenté voûté, l’air stupide, très poilu et avec un visage simiesque. On sait aujourd’hui que cette reconstitution erronée était fondée sur un squelette fossile déformé par la maladie. Depuis, on a mis au jour de nombreux vestiges fossiles de l’homme de Néanderthal confirmant qu’effectivement celui-ci n’était pas très différent de l’homme moderne. Fred Hoyle déclara: “Rien ne prouve que l’homme de Néanderthal nous était en quoi que ce soit inférieur.” C’est pourquoi des reconstitutions plus récentes de l’homme de Néanderthal lui prêtent une apparence beaucoup plus moderne.

Il est un autre fossile qui figure souvent dans les ouvrages scientifiques: l’homme de Cro-Magnon. On lui a donné le nom du lieu-dit du sud de la France où ses premiers os ont été découverts. Selon le livre Lucy, on en trouva “plusieurs spécimens (...) qu’il était si difficile de distinguer de ceux d’aujourd’hui que même les plus sceptiques durent admettre qu’il s’agissait d’êtres humains”.

Découvert en 1868 par des ouvriers qui construisaient une route près de la gare des Eyzies (Dordogne), l’homme de Cro-Magnon doit son nom à l’abri-sous-roche (lieu-dit de Cro-Magnon) d’où ont été exhumés, par l’équipe de M. Lartet, cinq squelettes d’âges et de sexes divers, dont un bébé. L’un de ces hommes, âgé de cinquante ans environ, a été surnommé « le vieillard ».

De nombreuses autres découvertes confirment l’existence d’une population suffisamment caractéristique pour constituer une espèce à part entière.

L’homme de Cro-Magnon est aujourd’hui considéré comme ayant vécu au paléolithique supérieur. Cependant certains savants, comme de Quatrefages et Hamy dans un ouvrage de 1882, ont émis l’hypothèse de sa présence jusqu’au néolithique, et même aux temps modernes. Cette supposition, aujourd’hui complètement abandonnée, faisait des Guanches des Canaries et des Kabyles d’Algérie les descendants à peine modifiés de l’homme de Cro-Magnon.

Le crâne de l’homme de Cro-Magnon était allongé et très volumineux, avec une voûte élevée. Sa face très large était basse et contrastait avec la hauteur du crâne. Les orbites étaient rectangulaires et la mandibule robuste, avec une saillie mentonnière. Le squelette de Cro-Magnon, et particulièrement ses articulations, était très vigoureux. Il mesurait de 1,67 m à 1,80 m.

En même temps que les restes humains ont été mis au jour des ossements brûlés et travaillés, des silex taillés, une défense de mammouth, des poinçons, des flèches, ainsi que des amulettes en ivoire d’éléphant et une multitude de coquillages marins, tous percés d’un trou, qui devaient servir de parure, tels que colliers et bracelets. La disposition des squelettes dans les couches archéologiques et les accessoires qui les entouraient laissent supposer qu’il s’agissait d’une sépulture : l’homme de Cro-Magnon enterrait ses morts et a inventé la parure et l’art.

Certains défenseurs de l'arbre généalogique menant de l'animal à l'homme actuel prétendent qu'on ne trouve pas beaucoup de fossiles dans ce domaine parce que les hommes sont enterrés. "Il est exact de dire qu'il y a peu de découvertes de fossiles. C'est naturel. Les êtres humains sont en général enterrés de sorte qu'ils ne fossilisent pas. Ce n'est que très, très rarement qu'un humain se noie dans les sables mouvants ou un marais ou se retrouve pris sous un éboulement ou une avalanche, de sorte que les restes soient maintenus intacts."

Nous savons que les êtres humains sont enterrés, et ils le sont la plupart du temps pour des raisons de croyance, ce qui les différencie nettement des animaux en général qui laissent leurs morts aux charognards. Mais les créatures dont nous parlons sont des créatures à mi-chemin entre l'animal et l'homme moderne. Ces créatures enterraient-elles leurs morts ? Les singes actuels le font-ils ? Non. L'argument n'est donc pas valable à mes yeux. Il n'y a pas de raisons de ne pas trouver une grande quantité de fossiles dans l'arbre généalogique, à moins que cet arbre ne corresponde pas à la réalité.

 

Une autre domaine du vivant suscite d'importantes questions. De nombreuses espèces d'animaux très différentes possède une caractéristique innée que l'évolution a pour moi du mal a expliquer. Il s'agit de l'instinct, sorte de programme intégré à la naissance poussant à agir d'une façon précise face à une situation rencontrée. Penchons-nous d'un peu plus près sur cette intéressante question.

 

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