Le Luth

 

On dit que les ancêtres du luth sont représentés dans les hiéroglyphes égyptiens et les iconographies assyro_babylonienne, indienne et persane. Au Moyen-Âge, les Arabes introduisirent en Europe cet instrument à manche court et à caisse bombée que nous connaissons aujourd'hui.

Son nom vient du mot arabe "al'-ud" qui signifie "branche".

Sa présence est attestée par des illustrations du XIème siècle dans lesquelles il est représenté avec plusieurs cordes. Des témoignages plus détaillés remontent au XIVème siècle : les sources littéraires évoquent souvent l'utilisation du luth avec des références explicites aux ménestrels, ces poètes et musiciens itinérants qui l'utilisaient pour accompagner les chansons, les danses et les spectacles.

Presque spécifique à l'origine, puis en forme de poire, la caisse du luth a un fond constitué de lattes de bois disposées dans le sens de la longueur. La table est percée d'une ouïe centrale que remplit une rosace finement ciselée et ajourée. Une réglette en bois légèrement proéminente est fixée dans la partie inférieure de la table et sert de chevalet et de cordier. Le manche est semi-cylindrique avec un chevillier rejeté vers l'arrière en formant un angle presque droit, sur lequel sont disposées les clefs.

A la Renaissance, les cordes étaient en boyau. De nos jours, on monte des cordes Nylon, plus résistantes et gardant mieux l'accord (le boyau est très sensible aux variations de température et d'humidité).

Quand il fut introduit en Europe, le luth avait quatre cordes simples. pour accroître sa sonorité, on doubla très vite chaque corde, à l'exception de la première, la plus aiguë, d'où leur nom : choeurs.

Au XIVème siècle, on ajouta une cinquième corde plus grave et au XVème siècle une sixième, encore plus grave.

On arriva ainsi à la configuration définitive : première corde simple ou double, deuxième et troisième cordes doublées à l'unisson, et les trois cordes graves doublées à l'octave.

Ce schéma est resté pratiquement inchangé au cours des siècles suivants : les rapports d'intervalles entre les cordes sont toujours les mêmes, même si l'accordage varie en fonction de la taille et de la tessiture de l'instrument.

 

Il est intéressant de remarquer que le premier accordage du luth grave correspond quasiment à celui de la guitare actuelle, à l'exception de sa troisième corde, en Fa dièse et non en Sol. il suffit donc pour le guitariste d'accorder sa troisième corde en Fa dièse pour jouer des compositions pour luth.

 

Nous n'avons aucun témoignage du répertoire médiéval. Il est cependant pratiquement certain que les luthistes accompagnaient les voix chantées et monophoniques (violes, flûtes).

De véritables transcriptions apparaissent au début du XVIème siècle, d'abord pour des musiques vocales, puis pour des compositions instrumentales s'inspirant en général de la danse (allemande, pavane, saltarelle, musette).

Plus tard, les références à la danse deviennent moins évidentes et cèdent le pas à une technique propre au luth : virtuosités et ornementations font ressortir les caractéristiques de l'instrument, mais aussi l'habileté et les capacités d'improvisation du musicien.

 

Quelques compositeurs

au XVIème siècle : les italiens Francesco da milano, les français Adrien Le Roy et Guillaume Morlaye, les allemands hans et Melchior Neusiedler, les anglais John Dowland et Thomas Morley

au XVIIème siècle : les allemands Johannes Rudes et Esaias reusner, les français Antoine Francisque, Robert Ballard et Charles Mouton, l'italien Giacomo Frescobaldi auquel on doit l'introduction du luth dans l'orchestre

au XVIIIème siècle : l'italien Antonio Vivaldi, les allemands Johann Georg Weichenberger et Leopold Weiss

 

 

 

à droite, un luth grave d'origine allemande du XVIème siècle (musée de Vienne)

 

 

 

 

ci-dessous, un luth long du XVIIème siècle (musée des Instruments de musique de Bruxelles)

Les instruments dérivés du luth

l'archiluth, avec les cordes traditionnelles, possédant en plus un second chevillier au-dessus du premier pour tendre les cordes graves de manière à créer des "bordons" (ces cordes vont donc produire une note fixe en accompagnement du morceau)

le théorbe, très proche du luth, mais avec un manche très long sur lequel sont montés les bourdons. Il possède jusqu'à 14 ou 16 cordes, dont 6 ou 8 sur le manche et les autres, plus graves, jouées à vide (bourdons)

le luth long (ou colachon) est un instrument d'origine arabe (photo de gauche). Sa caisse harmonique ressemble à celle de la mandoline et il a un manche très long (pouvant aller jusqu'à deux mètres). Souvent utilisé pour la basse continue (bourdons), il exécute aussi des parties en soliste.

la mandole ou mandore, sans doute d'orugine arabe, très proche du luth, mais plus petite et accordée plus aiguë.

la mandoline, apparue au XVIIème siècle et qui s'est répandue très rapidement. Leux types de mandoline les plus courants : la milanaise et la napolitaine. Cet instrument est toujours très populaire, et est ancré également dans le folklore nord-américain, en musique country traditionnelle (les mandolines américaines ont des formes spécifiques assez éloignées des mandolines italiennes).

Comme pour la guitare de la Renaissance et du baroque, la musique detinée a ces instruments était transcrite à l'aide de systèmes de notation spéciaux, les intavolature (ancêtres de la tablature actuelle).